Charmoy, les archives de guerre

Comme tous les villages de France, Charmoy a été touché par la première guerre mondiale. Le monument aux morts témoigne du sacrifice de ses enfants dans les tranchées. La vie quotidienne n'était pas simple non plus dans le village. Grâce aux archives municipales, nous allons nous replonger dans ce que furent ces années de guerre pour un petit village comme Charmoy, situé non loin du front, dans la zone des armées et d'où l'on pouvait parfois entendre la canonnade.


Le premier conseil municipal de guerre


Nous avons retrouvé le compte rendu de la première réunion du conseil municipal de la guerre. C'est l'adjoint au maire Pernot qui fait office de maire, le maire Camille Balazet étant mobilisé. Un conseil municipal exceptionnel est convoqué pour le 4 août 1914 à 20h30.

A l'ordre du jour, la prise en charge du ravitaillement des Gardes des voies de communication (GVC) qui stationnent en gare de Charmoy. Ce poste de GVC, mis en place pendant toute la guerre; il sera à l'origine de nombreux échanges administratifs comme nous l'avons raconté -> ICI







La carte individuelle d'alimentation


Ala lecture des archives, on s'aperçoit que le quotidien de Charmoy, en tant que village situé dans la zone des armées, est fait de réquisitions, de rationnement et de nombreuses déclaration administratives.

Le document ci-dessous, qui vise à établir les cartes individuelles d'alimentation, nous permet de connaître avec exactitude la population déclarée à Charmoy par la commune, ici le 3 mai 1918.




Il fallait également déclarer toutes sortes de denrées.


La déclaration des stocks de blé...










Le blé laissé à chaque famille pour la production personnelle de pain:




Ici la déclaration, le 17 février 1915, du nombre d'éleveurs de pigeons voyageurs et domestiques.






La liste des viticulteurs de Charmoy, avec le nombre de membres de la familles et les besoins en sucres pour la vinification.





En août 1916 par exemple, un convoi de ravitaillement, après réquisition, est organisé à destination de Chalindrey. Les signataires donnent pouvoir à Charles Chapuy pour la livraison et l'encaissement. Ce n'est pas la peine que tous se déplacent.



La laine était également réquisitionnée.




Ce courrier de la préfecture annonce l'arrivée d'un stock de sucre à répartir entre les viticulteurs de Charmoy.





La sécurité était un élément important évidemment


Le quotidien c'est aussi, outre les hommes mobilisés au front, la sécurité et l'information.

Ici, un point de situation du front préparé par la censure, non daté. Mais comme il est fait état de combat à Varsovie entre Russes et Allemands, il se peut qu'il s'agisse d'une référence à la bataille de Varsovie de 1915.





Gare aux "Bouillon KUB" 

Suite à une véritable psychose orchestrée par l'extrême-droite, les autorités ordonnent l'enlèvement des publicités "Bouillon Kub" dès le mois d'août 1914. 





La chasse aux espions

En zone des armées, la grande crainte est aussi celle des espions. Ici, ce document met en garde contre la présence hypothétique de "Karl Steiger, Luc dit Gim et Charlet, trois espions allemands"





Consignation des armes à feu


Les autorités ordonnent de consigner les armes à feu et les munitions des habitants de Charmoy en septembre 1914.


Mais en mai 1916, la mairie demande aux autorités s'il est quand même possible d'utiliser les fusils contre les animaux nuisibles. Réponse: oui, à titre individuel pour les propriétaires d'armes dont les récoltes sont ravagées.



L'emprunt de la Victoire


Il faut aussi convaincre les Français de participer à l'emprunt de la Victoire lancé en 1915.




Le percepteur explique le mécanisme et annonce des permanences.




Quelques anecdotes pour finir.

Un pupille de la nation à Charmoy.

Qu'est-il arrivé à cet enfant, Georges Godard, que personne n'avait le temps de ramener à l'hospice à Langres, quelle est son histoire, quelle fut sa vie après son séjour à Charmoy en 1917? Mystère.




Un cheval militaire blessé resté au village. Qu'en faire et qui va payer?




Dans le document suivant, on comprend que des soldats étaient "prêtés" en tant que main d'oeuvre militaire agricole afin de palier l'absence des villageois mobilisés. Mais ce 7 juillet 1916, le chasseur Germain Charmanty doit repartir au front avec le 31e bataillon de Chasseurs à pied. Il sera remplacé par un autre chasseur.





Le maire doit revenir dans ses fonctions dit le préfet

L'adjoint Pernot a assuré les fonctions de premier magistrat en l'absence du maire Balazet, mobilisé depuis le début de la guerre. Visiblement ce dernier est revenu et en mars 1917, le sous-préfet lui demande de "reprendre la direction des services municipaux".

















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