Charmoy du Moyen-Age à la Révolution





Il est de coutume d'associer aujourd'hui le destin de Charmoy à celui de Fayl-Billot. Non seulement parce que Fayl-Billot est le gros bourg voisin mais aussi parce que les communes sont administrativement associées et fusionnées depuis 1972. Mais il n'en a pas toujours été ainsi et Charmoy a vécu longtemps de façon autonome. Le village eut une église avant Fayl-Billot ce qui laisse à penser qu'au haut Moyen Age, le village était plus grand que son voisin. Il semble que le village releva d'abord du seigneur de Pierrefaite. Puis il devint une seigneurie avec un château, mais une partie de ses terres appartenaient à l'abbaye de Beaulieu.

Le plus ancien document faisant référence au petit village de Charmoy date du XIIIe siècle. Il s'agit d'un document venant de l'abbaye de Beaulieu justement et conservé aux archives départementales de la Haute-Marne.

Il s'agit plus précisément d'une charte faisant état d'un don à l'abbaye de Beaulieu, de terres situées en Velard. Velard est un lieu-dit situé sur le plateau à l'est du village. Dans le document, il est d'ailleurs question de "la grange des religieux à Velard" ce qui est vraisemblablement une référence à ce qui est aujourd'hui appelé la ferme Saint-Renobert.



Le document est daté du 16 avril 1257. Il a été recensé dans le cadre du projet "Les plus anciens documents linguistiques de la France". Il est écrit en ancien français et déchiffré comme suit


Saint-Renobert toujours


Le plateau au nord-est du village et la ferme Saint-Renobert ont joué un rôle important dans l'histoire de Charmoy. C'est déjà sur le plateau qu'ont été trouvés des vestiges préhistoriques comme nous l'avons raconté dans notre article -> Charmoy de la Préhistoire à l'Antiquité.

Charmoy et à l'arrière plan à gauche, le plateau en Velard. Photo Marcel Mochet.

La ferme Saint-Renobert aujourd'hui. Photo OC/Le blog de Charmoy

Dans son Histoire de Pierrefaite (le village voisin) parue en 1898, l'abbé Mulson traite également de Saint-Renobert. Il fait état d'un seigneur de Pierrefaite appelé Arnoult de Reynel dont le domaine, au début du XIIIe siècle, comprenait Pierrefaite et Charmoy.

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Ce seigneur va faire une série de dons à l'abbaye de Beaulieu sur le plateau appelé "en Velars"


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IL faut en déduire que la ferme Saint-Renobert a été construite après 1229 par les moines de l'abbaye de Beaulieu qui y resteront cinq siècles jusqu'à la vente des biens du clergé en 1790.

Les Templiers à Charmoy

A cette époque (XIIIe siècle), Charmoy faisait partie des commanderies des Templiers. La commune est répertoriée sur le site www.templiers.net qui précise que c'était une seigneurie en toute justice, dîmes et un beau domaine. Il s'agissait d'une dépendance de la commanderie de La Romagne (Côte d'Or).


La carte de Cassiny.

Une coutume ancestrale


A la vente des biens du clergé, en 1791, la ferme Saint-Renobert fut achetée par un M. Nicolle de Pressigny pour la somme de 20000 livres. Et les historiens font alors état de 130 journaux de champs et 20 fauchées de pré. Sa fille en hérite et Mulson précise, toujours dans son Histoire de Pierrefaite, que celle-ci laisse les habitants de Charmoy poursuivre la coutume qui consiste à se réunir plusieurs fois par an à la chapelle et au mois de juin, à mettre leurs troupeaux en pâture dans le pré voisin "où il leur était permis de couper un peu d'herbe qu'ils présentaient, avec leurs troupeaux, à la bénédiction du prêtre".

Plusieurs incendies


Selon l'abbé Briffaut dans son Histoire du canton de Fayl-Billot, parue en 1860, la ferme fut détruite par un incendie en 1819. A la suite de quoi, la chapelle, qui n'existe plus aujourd'hui, fut transformée en fournil et la statue de Saint-Renobert transportée en l'église de Charmoy. Le tabernacle avec dôme et colonnettes en marbre fut conservé dans la ferme jusqu'à un nouvel incendie qui détruisit tout, en 1883.
Sur le plan cadastral de 1837, la place de la chapelle existe encore à proximité de la ferme, en haut à droite, mais à croire Briffaut, il ne s'agit plus alors que d'un fournil. Celui-ci n'existe plus non plus aujourd'hui.

Extrait du plan cadastral napoléonien établi en 1837. Détail de la section A2.


Charmoy avant Fayl-Billot


Selon l'abbé Briffaut:
"S'il faut en croire la tradition, la paroisse de Charmoy, placée sous le patronage de Saint-Remy, archevêque de Reims, est ancienne. Elle existait avant le Xe siècle, et Fayl en dépendait. A partir de cette époque, les deux localités formèrent des paroisses séparées. Elles furent de nouveau réunies après la guerre de Franche-Comté. Mais alors l'église de Charmoy fut succursale ou annexe de celle de Fayl, et desservie par un vicaire jusqu'en 1791".

 Et Briffaut d'ajouter à un autre chapitre de son histoire de Fayl-Billot:




L'église Saint-Remy de Charmoy. Photo OC/Le blog de Charmoy

L'église a été reconstruite en 1840 sans que les circonstances de sa destruction ne soient connues. Le clocher lui, date de 1752.

-> A lire: la description détaillée de l'église Saint-Rémy dans l'inventaire des églises et chapelles de la Haute-Marne 

Un château détruit en 1790


Briffaut raconte qu'en 1660, la seigneurie de Charmoy appartenait à Charles de Fauge, capitaine d'infanterie et écuyer du roi. Sa lignée s'éteignit en 1778 avec le décès à 71 ans de Anne, baronne de Fauge. Celle-ci habitait le château de Charmoy, non fortifié, qui fut détruit en 1790. Il n'en reste aujourd'hui qu'une demeure bourgeoise et un vaste parc ceint d'un mur de pierres. Avant la Révolution, la commune appartenait pour partie à la commanderie de la Romagne (Côte d'Or) et pour partie à l'abbaye de Beaulieu.

Le portail arrière du parc de l'ancien château de Charmoy. Photo Françoise Cocagne.


En 1787, il y avait 142 maisons, une moitié occupée par des laboureurs et l'autre par des manouvriers. La population était de 294 habitants cette même année.








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